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En Grèce, des Israéliens, fuyant la guerre, tentent de retrouver un semblant de « vie normale »

« La réalité est devenue chaotique. Nous avons choisi de partir pour que nos enfants puissent avoir une vie normale », confie Haran Anjioni, qui a décidé depuis quelques semaines de s’installer sur l’île de Crète, en Grèce, avec sa femme et ses quatre enfants. Le 7 octobre 2023, la famille vivait dans un kibboutz du nord d’Israël, situé à seulement 7 kilomètres de la frontière avec le Liban. Le choc de l’attaque brutale du Hamas, « les cauchemars post 7-Octobre » et tirs de roquettes du Hezbollah ont poussé les Anjioni à déménager dès le lendemain dans un autre kibboutz du centre de l’Etat hébreu.
« Depuis un an, nous avons déménagé plus de cinq fois. Quand le bail de notre dernière maison a pris fin, nous avons eu l’idée d’emmener toute la famille en Crète. Mais, cette fois, pas seulement pour de simples vacances », relate-t-il. Amoureux de la Grèce, où il a passé de nombreux congés, Haran Anjioni avoue que ce pays est « un choix parfait pour les Israéliens » : « Le climat méditerranéen et la nature sont les mêmes que ceux que nous connaissons. (…) Les Grecs sont incroyablement accueillants. Le pays se trouve à moins de deux heures de vol de Tel-Aviv et le coût de la vie y est raisonnable. »
Tous les Israéliens ne sont pas aussi enthousiastes. Naomi, une célibataire qui n’a pas souhaité donner son nom, a séjourné quatre mois à Athènes avant de finalement retourner vivre en Israël, son errance dans un pays qui n’est pas le sien n’ayant finalement pas eu l’effet de soulagement escompté. « Je ne me suis jamais considérée comme réfugiée. Dans cette guerre, il y a des vrais déplacés, ceux qui ont été forcés de quitter leur maison dans le Nord et près de la bande de Gaza, puis, évidemment, tous les réfugiés palestiniens. Mais je n’étais pas non plus une touriste et je me sentais incomprise par les locaux. J’étais traumatisée, comme tous les Israéliens, j’ai perdu des proches, j’ai vu des roquettes passer au-dessus de ma tête », raconte au téléphone la jeune femme. Athènes avait été, pour elle, un choix par défaut.  « Le monde après le 7-Octobre ne semblait pas très accueillant pour les Israéliens et nous ne voulions pas non plus aller dans des pays où les agressions antisémites augmentaient », ajoute-t-elle.
D’après la chaîne israélienne Channel 12, entre novembre 2023 et mars 2024, environ 30 000 Israéliens ont quitté le pays de manière permanente, un chiffre en hausse de 14 % par rapport à la même période l’année précédente. Le nombre exact d’Israéliens arrivés en Grèce après le 7-Octobre est difficile à évaluer. Mais le gouvernement grec a décidé de faciliter les démarches pour la prolongation du visa de tourisme de quatre-vingt-dix à cent quatre-vingts jours pour les ressortissants israéliens. L’ambassade d’Israël confirme de manière informelle une hausse du nombre d’Israéliens installés dans le pays. De son côté, le ministère grec des migrations affirme que le nombre de « visas dorés » délivrés aux Israéliens – une formule qui permet aux étrangers qui investissent au moins 250 000 euros dans l’immobilier d’obtenir une carte de séjour de cinq ans – a augmenté d’environ 70 % depuis le 7 octobre 2023.
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