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Il est arrivé pile-poil pour le coup d’envoi. Mais pas à petites foulées. Cool et ponctuel. On s’était dit rendez-vous à 11 heures et le voilà donc à la porte du bistrot. Silhouette fuligineuse malgré le soleil qui, ce jour-là, illuminait une de ces rues de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) tout droit sorties d’un roman de Patrick Modiano si ce n’est d’une biographie de Marcel Proust. Mais n’en faisons pas trop, car l’invité de la semaine, Didier Roustan, 66 ans, figure aussi culte qu’atypique du journalisme de sport, va surtout parler football et télévision. Un couple infernal dont le tango a rythmé cinquante années d’une existence racontée dans un récent recueil de souvenirs, Puzzle (Marabout, 2023), et qui cadence nos soirées à la faveur du diptyque printemps-été 2024 championnat d’Europe (14 juin-14 juillet)-Copa America (20 juin-14 juillet). Personnellement, pour des raisons qu’on ne tardera pas à comprendre, Didier Roustan préfère la Copa au championnat.
Il est comme ça, le héros de notre apéro : en décalage. Ce qui fait son charme. On l’attend dans le zig, il est dans le zag. On le pensait installé sur TF1 et il a filé à Canal+. Il a célébré la grand-messe dominicale de « Téléfoot » (TF1), dont il fut une vedette à 21 ans, et il inspire le talk-show vespéral de « L’Equipe du soir » (la chaîne L’Equipe), dont il est président à vie depuis ses 51 ans. Il se reconnaît dans The Big Lebowski (1998), des frères Coen, et a tourné des saynètes à la gloire des paris sportifs, baptisées « Côté match ».
Dernier exemple, les consommations du jour : vu les conditions météorologiques, on avait parié sur un pastis-glaçons des familles. Que dalle. Motif : « C’est trop tôt. Ou trop tard. » Donc, café. Plus un verre de grenadine pour colorer la photo. « J’ai construit ma vie professionnelle en assumant ce que je suis. Pas de code. Pas de jeu. Ni docteur Jekyll ni Mr Hyde. Il n’y a qu’un seul Didier Roustan. Deux, ce serait trop fatigant pour moi. »
Les paillettes du showbiz télévisuel et les assauts des fatals flatteurs rôdant en coulisse n’ont pas déclenché un trouble dissociatif de l’identité. « S’il est attentif, celui qui me voit sur le petit écran comprend vite : je suis pudique, timide. Pendant longtemps, je me suis fait violence pour approcher les autres, pour leur parler. » Les grandes tapes dans le dos ne sont pas exactement son genre. Mais quand il est entré dans son bar-tabac-marchand de journaux-restaurant favori, il a salué les habitués d’une voix grave bien placée où le Sud verse son écot. Un mot attentionné, un prénom, voire un diminutif, un geste de la main. Chacun a répondu avec autant de sincérité. « Les gens sont toujours très gentils avec moi. Ils savent que je suis accessible. » Toutefois, il y a des limites. Ainsi, il nous a demandé de préserver l’anonymat du lieu. « J’aime bien être tranquille. » Un trait commun aux natifs du signe de la Balance (date de naissance : 10 octobre 1957, à Brazzaville).
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